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L’AATF fait 10 propositions pour le projet de loi de transformation de la fonction publique : explications du Président Fabien Tastet

Fonction publique : «La rémunération d’un cadre venant du privé devra être plafonnée»

>Économie|Delphine Denuit|11 mars 2019, 7h37|3
Fabien Tastet estime qu’on pourrait « supprimer près de 30 000 postes » de fonctionnaires, car « trop d’administrations font la même chose » LP/Yann Foreix

Fabien Tastet, haut fonctionnaire territorial, fait dix propositions chocs alors que le projet de loi de transformation de la fonction publique doit être présenté le 27 mars.

Fabien Tastet, président de l’Association des administrateurs territoriaux de France (AATF), juge le texte de loi du gouvernement pour moderniser la fonction publique « déconnecté des réalités du terrain » autour d’un appareil d’Etat encore trop « verrouillé ». Il publie cette semaine dix propositions chocs et nous en détaille les principales.

En quoi ce texte de loi vous paraît-il déconnecté du contexte actuel des Gilets jaunes ?

Le texte comporte des avancées mais les Français attendent de l’administration qu’elle ressemble davantage à la société et que l’action publique soit plus efficace et économe. Or, sur ces deux points, le texte du gouvernement n’apporte aucune réponse. Pourtant des marges de manœuvre existent et c’est dans ce sens que nous présentons des propositions pour moderniser le service public.

Quelles mesures d’économies proposez-vous ? Ne faut-il réduire le nombre des collectivités locales ?

Il n’y a pas trop de collectivités mais trop d’administrations qui font la même chose. Beaucoup de secteurs comme l’économie, le sport, la culture, la jeunesse, le logement existent à la fois dans l’administration d’Etat et les collectivités locales. Prenons un chef d’entreprise qui veut installer son siège dans une commune : doit-il s’adresser à la mairie, à la préfecture ? Pourquoi ne pas supprimer ces doublons ? Nous proposons de simplifier tout cela en transférant 100 000 fonctionnaires des services non régaliens (NDLR : qui ne concernent pas l’armée, la police ou la justice) de l’Etat vers les collectivités locales. Compte tenu des doublons, on pourrait supprimer près de 30 000 postes sur cinq ans.

Le gouvernement veut ouvrir aux salariés du privé l’accès à des postes de direction dans les collectivités de plus de 40 000 habitants. Pourquoi êtes-vous contre ?

Sur le principe, je n’y suis pas opposé. Mais je suis pour un encadrement de cette dérégulation – car il s’agit bien de ça – de l’emploi public. Cet encadrement doit répondre à au moins quatre critères. Le premier est d’ordre déontologique : il faut qu’on puisse vérifier par exemple qu’une future recrue n’ait pas d’accointance avec l’un de ses précédents employeurs. Si on ne fait pas ce contrôle, on risque d’avoir affaire à des conflits d’intérêts en pagaille avec le risque pénal qui va avec. Il faut aussi pouvoir vérifier ses aptitudes, notamment à gérer de l’argent public. De même, nous voudrions voir le nombre de recrutements issus du privé soumis à un quota maximum de 25 %. Le carnet d’adresses ne peut pas remplacer le concours, porteur d’égalité des chances.

Quid des rémunérations ? Les encadrer risque d’être très dissuasif…

Oui, il faut une marge de manœuvre et en même temps un garde-fou. On pourrait par exemple imposer à un directeur venant du privé une rémunération qui ne soit pas inférieure ou supérieure de 10 % à 15 % par rapport à la grille existante ou encore plafonner sa rémunération sur la base de celle du fonctionnaire qu’il remplace.

Vous appelez à ce que plus de contractuels et de fonctionnaires territoriaux rejoignent l’appareil d’Etat… N’est-ce pas contradictoire ?

Notre appareil d’Etat est encore trop verrouillé. Regardez la composition des cabinets et des directions des ministères… Il y a une concentration de profils issus des mêmes écoles et milieux sociaux, le plus souvent parisiens. Comme les Gilets jaunes,beaucoup d’élus locaux se plaignent de ne pas être entendus. Il faut ouvrir les portes du pouvoir central aux fonctionnaires de terrain. Le gouvernement devrait s’obliger à nommer dans ces cabinets et directions 30 % de fonctionnaires territoriaux, ou d’autres profils de terrain.

 

Retrouvez les 10 propositions ici.

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